vendredi 4 décembre 2009

Un verre avec Orseolo II au Hard Rock Café...


Tout frais tout chaud à Venise depuis avril.
Le second en Italie après Rome.
Pas même Milan!
J'ai toujours eu un petit faible pour cette chaîne.
Un peu pour motif professionnel, beaucoup pour raison sentimentale.
C'est en effet chaque fois dans un Hard Rock Café que nous avons laissé nos enfants à leur destin. Londres pour mon fils, Rome pour ma fille.

De l'extérieur, les lieux me font penser au temple de Segeste étêté.
Un temple dédié à la musique rock.
De hautes chaises, des tables rondes élevées, un long bar au marbre jaspé.
Sagement alignées des bouteilles à col long et malingre, à la panse boursouflée et rabougrie, irradiant une lumière crue et ignifiant le sang et l'or de larges parois amovibles en verre de Murano.
De grands écrans dispersés vocifèrent des images turbulentes et criardes.
Au-delà des larges baies vitrées, Venise et son bacino Orseolo aux mille gondoles assoupies.

Pietro Orseolo II avant d'être un des plus grands doges fut un des plus illustres condottieri vénitiens.
« Sois sûr , mon fils, que tu seras doge et que tu te couvriras de gloire. Gouverne avec simplicité et reste fidèle à l'église du Christ »
lui aurait dit son père, l'ancien doge ayant troqué le corno pour la tonsure et la solitude de Cuxa.


Enchâssés dans les murs, la robe cramoisie de Shakira, une guitare de John Lee Roth, quelques lignes du Spaniard in the works gribouillées par John Lennon sur une enveloppe et deux sachets en papier, une jupe en cuir dédicacée par Tina Turner, un lilliputien et affriolant ensemble de la Madonna.

Orseolo II et le lion de Saint Marc, pour la première fois sur les bannières, expurgent l'Adriatique de tous ses pirates, le jour de la Sensa.
Fin diplomate, il obtient de Byzance et de l'empire germanique l'autonomie totale pour Venise.
Le 25 juin 1004, le Ciel Lui-même fend un pilastre de la basilique et lui restitue la dépouille disparue de Marc.
Il est à l'apogée de sa gloire.

Je termine lentement mon verre.
Freddy Mercury, torse nu, ruisselle les dernières notes de sa rapsodie bohémienne.
Il est à l'apogée de sa gloire.

Une comète déchire le ciel. Mauvais signe!
La peste emporte le fils et les proches d'Orseolo.
Il s'éteindra rongé par le chagrin et l'amertume en septembre 1009.

Une star déchire ses fans.
Le sida emporte Freddy Mercury.
Il s'éteindra rongé par la maladie et la douleur en novembre 1991.


Il se fait tôt.
Nous laissons dans le fond de nos verres le leader de Queen et le duc des Vénitiens et des Dalmates.
Cruellement lacéré par notre sortie, le silence réempoisse en un instant les gondoles du bassin Orseolo.
Nous remontons la Piazza déserte vers la calle de la Canonica.













2 commentaires:

  1. Marrant ! J'l'avais jamais regardé comme ça, ce bacino !... comme quoi ! ;o))))

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  2. On voit que je ne suis pas passée par là depuis longtemps, j'ignorais qu'il y avait un "Hard Rock Café" à Venise. Dommage pour mon fils, cela lui aurait plu ! une autre fois...

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