mercredi 19 janvier 2011

Dans la pénombre de Sant'Elena...

Vettore Cappello et sainte Hélène (attribué à Antonio Rizzo)



Permettez-moi ce léger capriccio ...


Qu’on ne me dérange sous aucun prétexte!

Lorsque la lourde porte se referme sur lui, Vettore Cappello est pris d’un nouvel accès de fièvre. Dans un coin de l’austère chambre, les dernièrs râles d’un soleil agonisant éveillent son armure de Capitano da Mar flanquée sur un épouvantail de bois. Il soulève lentement la noble cuirasse et y plonge son regard. Les précieuses ciselures qui exaltent l’acier lui renvoient un visage braque et douloureux.

Je suis si las, si vieux! Mais regarde-toi! Pleure ton sourire depuis des lustres éteint! Et cette maudite fièvre!

Toute la journée, le vent du Péloponnèse lui a chanté les noms de sa mère, la douce Coronea et Lucia sa belle épouse. Toute la journée, l’onde instable de la Morée lui a fait miroiter le visage de ses six enfants. Ah, le délicat sourire de l’ainée de ses filles, Elena, à qui il a donné le nom de sa sainte protectrice. Toute la journée, il s’est revu au pied de Cristoforo Moro lui offrant le chef sacré de Saint Georges.

A l’aube du 13 mars 1467, inquiet, l’aide de camp de Vettore ordonne d’enfoncer les portes de la chambre de son maître.

Cappello, revêtu de sa prestigieuse parure militaire, est légèrement incliné sur son prie-dieu, un genou à terre, le corps sans vie.

Un sourire radieux enflamme ses lèvres.

Dans la main gauche l’icône d'Hélène la Sainte…








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